Dans toute approche thérapeutique il y a une part de scientifique et une part plus complexe, certains éléments commençant à être identifiés et nommés (facteurs bio-psychosociaux, alliance thérapeutique, croyances, effet placebo, …). L’ostéopathie a longtemps souffert du manque de preuves scientifiques sur les postulats que nos prédécesseurs avançaient. L’ostéopathie a aussi ses dogmes, ses croyances ; aujourd’hui la science doit faire partie intégrante de notre pratique à mon humble avis. Pour autant jeter ou rejeter ce qui n’est aujourd’hui pas prouvé scientifiquement n’a pas de sens. Si la science avance c’est aussi grâce à des postulats, des « idées folles », parfois l’instinct (cette petite voix dans notre tête ou notre cœur). Pas de preuve ne veut pas dire que cela ne se produit pas, cela veut juste dire qu’on ne sait pas l’expliquer. Point. Et jusqu’à preuve du contraire on doit pouvoir considérer que cela est juste sans être dénigré pour autant (c’est un peu la présomption d’innocence de la science).
Tout ça pour vous parler d’un mot que nombre d’ostéopathes (mais ce ne sont pas les seuls) entendent tout au long de leur études, un terme redondant, qui au début nous paraît flou, superflu, ésotérique même. Je veux parler là de l’intention. Pierre Tricot (Ostéopathe D.O de renom) en parle dans ce qu’il appelle les paramètres subjectifs à mettre en place afin d’établir un dialogue avec le corps du patient.
Ce terme ne nous est pas spécifique, mais cela ne retire rien à son importance ; après tout, être bien ou mal intentionné envers une personne ça change tout ! On le sait dans la vie relationnelle mais c’est aussi le cas dans l’approche thérapeutique.
Que se passe-t-il grâce à l’intention ? Qu’est-ce qui fait que cela crée une réaction différente ? Je ne le sais pas, la science émet des hypothèses mais rien de validé à ma connaissance à ce jour. La seule chose qui pour moi vient appuyer qu’il se produit bien quelque chose, et qui ne peut être contredit, est une vidéo du Pr Jean Claude Guimberteau (chirurgien de la main sur Bordeaux) qui a passé une partie de sa vie à explorer le tissu conjonctif vivant (c’est la toute la différence !) durant ses chirurgies et qui nous a ramené des images aussi magnifiques qu’instructives. Lors d’une chirurgie il demande à un de ses assistants d’exercer une traction de la peau afin de filmer la réaction du tissu conjonctif ; puis il demande à un de ses amis ostéopathe de faire la même chose avec une intention thérapeutique. Les images parlent d’elles même. Je vous invite à regarder son film (ou des extraits) « Voyage sous la peau » (lien video).
Ce chirurgien nous a énormément apporté et il continue encore, seulement les moyens technologiques sont limitants à ce jour.
Lorsque que nous pratiquons, nos mains sont évidemment en contact avec le patient de façon superficielle. Pour autant notre objectif se trouve en profondeur, nous cherchons à explorer l’organisme de nos patients du plus superficiel au plus profond, de « dialoguer » avec lui. Avec une même prise les patients peuvent ressentir que nous n’agissons pas sur les mêmes structures, pourtant seules l’intention, l’attention et la visualisation changent. Les patients nous décrivent des perceptions physiques, des relâchements, des tensions, des trajets (parfois anatomiquement non cohérents). Posez votre main juste comme ça, sans but, et il ne se produira clairement pas la même chose.
Depuis que l’homme existe et depuis notre plus jeune âge quelle est la première chose que nous faisons lorsque quelqu’un a mal ? Nous mettons nos mains sur cette personne. Lorsque vous vous faite mal, que faites-vous spontanément ? Vous posez vos mains sur la zone douloureuse. Notre corps est doué d’une intelligence naturelle, sachons l’écouter et tenter de la reproduire et de nous en servir.
Un enfant tombe et se fait mal que faites-vous spontanément ? En général un câlin… que se passe-t-il à ce moment-là ? Votre intention est de le consoler. Pour ce faire, grâce à cette intention vous allez déclencher chez vous empathie et amour ce qui déclenchera chez lui une libération d’ocytocine et l’apaisera (ça, c’est prouvé ). Contact superficiel mais effet en profondeur, le tout guidé par l’intention. Nous n’avons que nos 2 mains pour vous accompagner mais nous avons la force inépuisable de l’intention combinée à la bienveillance.
Pour ma part je ne me priverai jamais de ces « outils » supplémentaires que je combinerai aux avancées de la science. Mon discours évoluera et je ferai le nécessaire pour ne pas rester figé dans mes idées ! Comme j’aime à le dire « les certitudes figent la pensée, comme la sédentarité fige les tissus »
Quentin Gerardin
Ostéopathe D.O.
6O avenue jean jaures, 13530 Trets